Mais non, ce n’est pas du chic. C’est une mise en scène.
Un chic de surface, un emballage trop lisse pour être honnête. Bref, un faux chic.
La séduction à bas bruit :
Le faux chic ne hurle pas. Il s’insinue.
Il prend les formes de l’élégance pour en vider le fond.
Un meuble minimaliste, mais avec du bois reconstitué.
Un blazer bien coupé, mais taillé dans du plastique recyclé low cost.
Une marque aux mots choisis, mais aux finitions bâclées.
Ce n’est pas une escroquerie. C’est pire que ça : c’est une illusion consensuelle.
Les signes du faux chic :
1. Trop parfait pour être vrai
Des lignes trop sages, trop nettes.
Une lumière toujours flatteuse.
Une esthétique d’Instagram, conçue pour être scrollée plus que vécue.
Un vrai objet a des aspérités. Il raconte autre chose qu’un filtre.
2. Des mots creux comme des coquilles vides
« Intemporel », « éthique », « atelier », « iconique » : la novlangue du design vide de substance.
Un vrai chic n’a pas besoin de raconter autant. Il se vit, il se transmet, il se tait.
3. Le syndrome de la belle boîte
Packaging luxueux, promesse de raffinement… et à l’intérieur ?
Du fake. Du cheap. De l’éphémère qui joue au durable.
C’est le principe même du faux chic : maquiller ce qui ne tiendra pas.
Pourquoi ça marche ? :
– Parce qu’on a perdu des repères
On confond souvent silence et vide.
On pense que le beau doit briller.
Qu’il faut que ça en jette pour que ça vaille.
Alors on se fait avoir. Tous. Même vous, même moi.
– Parce qu’on nous vend du chic comme un produit jetable
Le « style », aujourd’hui, a un calendrier.
Il est saisonnier, compressé, périssable.
Mais le vrai chic est hors-temps. Il ne se démode pas. Il se patine.
Il vit dans l’usage, pas dans la tendance.
– Parce que c’est confortable de ne pas chercher
Le faux chic est prêt-à-poster.
Il évite le doute, la recherche, le silence.
Il évite la responsabilité du choix.
Mais à la fin, on se retrouve avec un placard qui sonne faux.
Le vrai chic, lui, ne crie pas
– Il est sobre sans être triste
Une veste bien coupée, une table juste faite, une lampe sans effet.
Pas besoin d’ostentation. Juste du bon.
Le chic, le vrai, n’a rien à prouver. Il est.
– Il a une matière, un poids, une densité
C’est du cuir grainé, du lin lavé, du chêne massif, du métal qui vieillit bien.
Pas de placage. Pas d’illusion.
Et si vous hésitez : touchez. Sentez. Posez vos yeux. Le vrai se reconnaît.
– Il traverse les générations
Un meuble hérité, un manteau qui vieillit avec vous, une assiette ébréchée qu’on garde.
C’est ça, le chic. Pas ce que vous montrez. Ce que vous transmettez.
Ce que le faux chic détruit sans qu’on s’en rende compte :
1. Le goût
À force de surjouer l’élégance, il la rend suspecte.
Il banalise le beau, le rend jetable, interchangeable.
2. La confiance
Une marque qui ment une fois, même joliment, ne mérite plus qu’on l’écoute.
Mais combien de fois avons-nous acheté en sachant que c’était faux ?
Et combien d’objets nous rappellent notre complicité silencieuse avec cette illusion ?
3. Le sens
Car à force de faire semblant, on oublie ce que l’on cherche.
Le soin. Le geste. La justesse.
Tout ce qui ne se voit pas, mais se sent.
Le vrai chic commence là où le paraître s’arrête.
Un antidote ? Le goût du vrai :
On vous propose ici un remède, simple et radical : le goût du vrai.
Le bon vieux critère d’antan : « est-ce que j’aurai encore envie de le garder dans 10 ans ? »
Et si vous hésitez, relisez notre recette du design durable : ça peut aider.
Et puis, demandez-vous :
- Est-ce que cet objet essaie de me séduire ou de m’accompagner ?
- Est-ce qu’il a été fait pour durer ou juste pour plaire ?
- Est-ce qu’il me relie à quelque chose ou à quelqu’un ?
Le vrai chic est souvent silencieux. Comme nous.
Il ne crie pas. Il n’a pas besoin de logo.
Il vous attend, discret, dans le coin d’une pièce ou sur l’épaule d’un proche.
Vous le reconnaîtrez à l’absence de mise en scène.
À ce soulagement qu’il provoque.
À cette envie de le garder, encore, longtemps.